LE DIEU VIVANT - ADRIEN SAHORES - PAR TUMBLR.

BASIC ELEMENTS ARE de madaure, louis-marie ❖ AGE : VINGT ET UN ANS. ❖ DATE ET LIEU DE NAISSANCE : VINGT-TROIS SEPTEMBRE, PARIS. ❖ NATIONALITÉ : FRANÇAISE. ❖ PROFESSION : CRÉATEUR DE PLAISIR, VENDEUR CHARNEL, ESCLAVE DU PLAISIR D'AUTRUI ; OFFICIELLEMENT CHÔMEUR. ❖ ÉTAT CIVIL : LIBERTIN. ❖ QUARTIER : BRIXTON.

Spoiler:

“On embellit toujours sa vie. Surtout la mienne. On essaye de la colorer avec le spectre du romantisme, de la beauté parisienne. On essaye de faire de moi un personnage romantique, un dandy qui se promènerait, le vague à l'âme, au milieu du marais dans un costume chiné et un foulard en soie. On s'imagine que j'ai eu une vie compliquée. Que ma jeunesse fut tumultueuse. Que ma famille était décomposée. Que tout n'était qu'éclat et sentiments renversant. Mais c'était foutrement faux. Ma vie est plate. Ma jeunesse était terne. Agréable, bizarrement joyeuse, mais terne. Elle n'avait rien d'un conte romantique, elle n'avait rien du délire parisien de mes parents, elle n'avait rien en fait. Elle était à peine une jeunesse à proprement parler. Je n'ai jamais eu l'éclat foudroyant de la jeunesse. Je n'ai jamais eu la douce folie, l'amour facile, l'émerveillement des jeunes personnes. J'étais juste un gamin ordinaire. Un gamin perdu dans une maison de fou. Le fils unique d'une famille trop brillante par le passé qui portait le fardeau de la sensibilité extrême. Mes parents étaient bien plus adorables que l'on voudrait le croire. Ils n'avaient rien de méchants. Ils ne me voulaient pas de mal. Ils étaient ouverts d'esprit. Capables de me laisser faire ce que je voulais. Principalement parce qu'ils n'en avaient pas grand chose à faire de moi. Un peu parce qu'ils vivaient dans un monde parallèle au nôtre, et que je n'avais jamais été capable d'y pénétrer. Ils se sont connu trop jeunes, à peine bambins. Ma mère voyait en lui le bon parti à épouser, à ne jamais laisser s'échapper. Elle met encore toute sa force à lui plaire, à l'aimer, à l'époustoufler. Elle est sa bouée de sauvetage, le truc qui le rattache à la vie, qui le rend heureux, qui l'empêche de sombrer trop longtemps dans ses périodes de profonde dépression. Moi, dans tout ça, je n'étais que l'enfant qu'il fallait avoir après le mariage. Le gamin qu'on voulait pour prouver qu'ils étaient capables d'accomplir leur devoir. Qu'ils n'étaient pas aussi farfelus qu'on le disait. Qu'ils étaient capables d'être les parfaits bourgeois qu'étaient les autres membres de ma famille. Mais ils ne l'étaient pas. Ils respectaient ce que l'on attendait d'eux. C'est tout. Aucun d'eux ne travaillait vraiment. Mon père se contentait de passer aider son frère périodiquement. Ma mère se contentait de le rendre heureux, d'acheter des fleurs, de m'emmener voir le psychologue. Je ne leur en ai jamais véritablement voulu de ne jamais m'avoir aimé comme ils s'aimaient, de m'avoir toujours traité comme un électron extérieur et menaçant. Ils étaient trop occupés pour se rendre totalement compte de ma présence. Ils avaient leurs rituels, leur amour empoisonné, et moi, je faisais avec, je les admirais. Je me demandais si un jour j'aurais ce même genre de relation avec une autre personne. Je rêvais de quelqu'un qui s'occupe de moi de cette manière. Je rêvais de pouvoir m'enfoncer dans un fauteuil moelleux et de ne pas avoir à en sortir tant que je n'en aurais pas envie. Je rêvais de quelqu'un qui m'apporterait mon thé, ma dose d'amour à chaque fois que j'en ressentirais le besoin. Je rêvais de quelqu'un avec qui je puisse vivre enfermé toute ma vie, avec qui je puisse me couper du monde extérieur, me libérer de toutes les contraintes, être moi-même et parler un nouveau langage. C'est ce qui me poussait à les coller, à les suivre partout, à les admirer, à les regarder comme s'ils étaient le spectacle vivant de la Belle Vie. Mais je ne faisais que les frôler. Rien en moins ne les intéressait, rien en moins ne leur faisait attarder leur regard ; je n'étais pas assez bien, pas assez beau, pas assez cultivé. Alors je vivais à proximité, oubliant qu'ils étaient mes parents comme ils oubliaient que j'étais leur fils. J'étais obsédé par la beauté de leur relation, peut-être que c'est ça qui m'a fait me déconnecter de la véritable réalité. Je n'aimais personne, je n'ai jamais aimé personne. Je me contentais de fuir les gens, la proximité, les rires et les amis. Je préférais rentrer chez moi le plus vite possible, de me plonger dans les livres, les recueils, les albums photos ou les journaux intimes. Je vivais dans leurs souvenirs. Je vivais dans une maison de fous où l'on s'asphyxiait par amour, où l'on s'oubliait. Tout n'était que souvenirs, amour empoisonné et beauté de l'oubli. Ma mère avait oublié qu'elle avait une vie. Mon père n'en avait jamais eu, il oubliait simplement qu'il était lui, je suppose. Il oubliait ses diverses défaillances tant qu'il était à ses côtés. Il pouvait rire, s'amuser, discuter tant qu'il la savait à ses côtés. Il pouvait vire, se croire heureux et chanceux. Mais si elle s'absentait trop longtemps, s'il s'apercevait de son absence, je le voyais perdre ses repères, perdre les pédales, dérailler, sombrer. Et j'en pleurais. J'en pleurais de le voir si fragile, si attaché. J'en pleurais de les voir s'aimer si éperdument, trop fort pour la vie de pauvres mortels. Je pleurais d'avoir à souiller leur amour et leurs rituels. Je m'en voulais de les empêcher d'être totalement ensemble. Je m'en voulais d'espérer parfois leur voler un peu de leur amour mutuel. Je suppose que j'aurais pu imploser. Que je serais mort peu à peu, à leurs pieds, suffocant dans cet enfermement. Mais un jour, mon oncle a fait son apparition dans ma vie. Je n'avais jamais vraiment fait attention à lui, je ne prêtais pas d'attention à la famille chez qui on se rendait ponctuellement. Je ne le connaissais pas ; je découvrais après sa première visite qu'il était présent dans des chapitres entiers des journaux de mes parents. Il était important. Je l'avais tout de suite compris. À sa manière de se présenter, à ce qu'il provoquait par sa simple présence, par l'attention que ma mère lui portait, des regards que mon père lui adressait. J'étais intrigué, j'étais jaloux, terriblement jaloux. J'avais espéré qu'il ne revienne jamais, qu'il ne reste qu'un vague souvenir, le souvenir d'un personnage qui se serait égaré dans notre monde, leur monde. Mais il était revenu, il revenait souvent, passant des semaines entières à la maison. C'était devenu mon seul ami. La personne que je voulais être. C'était celui que j'avais le droit de détester. Mais je m'en gardais bien, je l'aimais. Il me portait un intérêt particulier. Il me considérait comme un adulte, lui aussi, mais il me prenait pour une personne entière. Il m'apprenait tant de choses, m'offrant ses journaux – tic familial -, m'offrant des cadeaux farfelus et si touchant. Il me promenait dans Paris, m'emmenait à l'Opéra et au Théâtre. Il me faisait découvrir le monde extérieur dont j'avais tellement peur, à mon âge avancé. J'avais fini par m'attacher pleinement à lui. Pensant que je pourrais vivre éternellement à ses côtés, que je pourrais être la personne avec qui il s'enfermerait. Mais j'ai vite compris qu'il n'avait pas besoin de s'enfermer, qu'il n'avait besoin de rien, de personne ; qu'il lui fallait de l'air. Je comprenais que les gens étaient autosuffisant, qu'il n'y avait que nous pour nous enfermer. Mais je restais sagement à leurs côtés, je les admirais s'aimer, je les enviais, je m'oubliais. J'attendais avec impatience les venues de cet oncle toujours trop mystérieux, trop ancré dans les histoires de mes parents. Et puis, il repartait. Et la vie suivait. Ma jeunesse se faisait. Sans que je m'en rende compte. Sans que je la saisisse. J'étais ce gamin qui se baladait dans les beaux quartiers, dans ses costumes noirs, arborant de beaux foulards éclatant, emprunté le visage de la tristesse ; et qu'on excusait parce qu'il ressemblait à un dandy. J'étais juste un con qui s'enfermait chez ses parents. Du moins, jusqu'à ce que je rencontre La Vie.

”

““ Lou, je suis amoureux. „ il avait sortit ça avec le sourire, comme si c'était la plus belle chose qui pouvait nous arriver, lui arriver. Il avait sortit ça avec tout l'entrain dont il était capable. Il avait sortit ça comme une bombe. Je le savais bien, qu'il était amoureux. Qu'il aimait cette Adèle bien plus que moi, qu'il finirait par m'oublier, qu'il finirait par mener une vie rangée. Il avait vingt-trois ans, j'en avais à peine dix-huit ; il supposait que je ne pourrais pas le comprendre, que c'est pour ça que je ne lui pardonnerai jamais. Mais j'avais compris. J'avais compris quand il passait moins de temps avec moi, quand il s'en voulait parfois de s'enfermer avec moi, quand il laissait son regard vagabonder par la fenêtre rêvant de ses courbes et de son odeur. Je ne lui répondais pas. Je le regardais. Fixement. Tristement. Je regardais la tristesse s'emparer peu à peu de son visage, de son expression, et me prouver que l'amour n'a jamais rien de bon. Tout s'était passé très vite. Je m'étais mis en colère, je m'étais vexé, je voyais toute ma vie, mes quelques repères s'évaporer. Disparaître sous le mouvement des jupons de cette blonde. Je comprenais. J'avais eu peur, j'avais tout le temps peur. Pendant plus de quatre ans je me demandais quand viendrait le moment où il se lasserait de moi, où il irait voir ailleurs, où il se trouverait quelqu'un de mieux que moi. Je savais que c'était trop beau pour que ça dure, pour que je trouve un ami aussi fidèle. Il m'avait fait découvrir la vie, le monde extérieur ; il m'avait fait découvrir toutes les choses que l'on doit découvrir lorsque l'on est encore jeune. Il m'avait présenté ses amis, il m'avait initié aux soirées les plus folles, il m'avait fait découvrir Paris comme je ne l'avais jamais soupçonné. Il m'avait poussé à me découvrir moi-même. C'était mon meilleur ami. Pour tout ça, pour tout ce qu'il avait fait, pour tout ce qu'il me promettait, pour tous nos rires, la légèreté. “ Lou, je suis amoureux. „ Je m'étais décomposé. Je l'avais fixé, tristement. Bien sûr qu'il était amoureux. Bien sûr qu'il l'aimait. Mais je ne voulais pas l'entendre. Il n'avait pas le droit de le dire. Pourquoi est-ce qu'il faisait ça ? Pourquoi est-ce qu'il m'infligeait ça ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi se sentir si pressé ? On avait la vie devant nous. On était jeunes. Il pouvait attendre. Il avait le choix. Il aurait pu attendre. Je ne comprenais pas. Pourquoi maintenant ? Pourquoi si vite ? Pourquoi si tôt ? Est-ce qu'il se foutait de moi à ce point ? Je n'avais donc pas la moindre importance ? J'étais à ce point insignifiant ? Est-ce qu'il pouvait vraiment se dire que cette phrase était anodine ? Est-ce qu'il avait seulement conscience de tout ce que ça entraînait ? Quel con. Quel con, quel con, mais quel con ! Qu'est-ce que j'étais censé faire ? Qu'est-ce que je devais lui dire ? Je devais le féliciter ? Lui dire “ Bravo, tu t'embarques dans une belle merde, je suis fier de toi. „ ? Je devais faire semblant d'être heureux, d'être content pour lui ? Lui faire croire qu'à partir de ce moment, grâce à cet amour dégueulasse, il serait heureux, qu'il allait avoir une belle vie, qu'elle ne le tromperait jamais et qu'ils seront l'exception à toutes ces déceptions amoureuses qui vous brisent le cœur et pourrissent votre existence ? J'en avais pas envie. J'avais pas envie de lui faire croire que c'était pour le mieux, que c'était génial, que c'était inespéré de trouver si vite l'amour. Je n'avais pas envie de faire semblant. Je n'avais pas envie de chanter les louanges de l'amour. J'avais même pas envie de lui parler. J'avais pas envie de lui répondre. J'avais pas envie de réagir. J'avais envie de faire marche arrière. De revenir au temps où je ne le connaissais pas encore. Au temps où je n'avais rien à perdre. Où j'aurais pu prétendre aimer l'amour et ces autres conneries. “ Lou, je suis amoureux. „ J'aurais voulu réagir correctement, lui montrer ce que je ressentais, lui faire comprendre qu'il bousillait toute notre amitié. Je me suis simplement levé, arborant un calme malsain, et je suis sortie. J'ai claqué la porte sur cette amitié morte trop tôt. Et j'ai couru dans Paris. J'avais nulle part où me rendre, alors j'ai préféré courir. Courir après un but inexistant, après ma vie terriblement plate, après toutes ces sentiments qui m'emmerdaient profondément. J'ai couru jusqu'à en avoir mal partout. Mon corps me faisait souffrir, une migraine terrible envahissait mon crâne, l'amertume me brûlait de l'intérieur. Je n'avais plus qu'à crier. Crier mon désespoir dans les rues vides. Et fuir. J'ai fuis cette situation ridicule. J'ai fuis un ennui mortel. J'ai fuis lamentablement parce que tout ce que je sais faire c'est fuir. Parce que je suis incapable de surmonter le moindre problème. Et parce que je n'ai rien à faire, rien à perdre, juste à vivre. J'ai choisis Londres comme j'aurais pu choisir la Serbie, le Monténégro ou la Russie. J'ai choisis Londres parce qu'au fond ça importait peu. J'ai choisis Londres parce que tout ce que je voulais c'était disparaître.

”

“La vie à Londres était facile. Tout est facile quand vous n'attendez rien, quand vous vous contentez de ce que vous avez. La vie est facile, ma vie. J'errais, je laissais tomber les cours, je flânais. Je regardais vivre les gens. Je n'avais plus rien à faire, j'étais seul, je m'ennuyais, j'étais libre.

”

Blaise C. Anderson a écrit:

tu as bien fait de succomber à la tentation *out*

October Rosenbach a écrit:

Oh ce n'est pas grave, je vais juste te fouetter.


elle a le fouet facile ces temps ci notre octou.
rebienvenue ! bonne chance pour ta fiche. :)

Garance Chatterton a écrit:

c'est beau lourie, vraiment. et c'est incroyable, mais lou est l'homologue masculin slash parisien de sally. il nous faut absolument un lien.
et bien sûr que t'es validée.