Aller à cette soirée allait également me permettre de surveiller Alexander. D‘ordinaire j‘étais de nature jalouse et il n‘y échappait pas. Ma jalousie avait certaine limite, je n‘étais pas du genre à lui faire une crise en pleine rue simplement parce qu‘il avait regardé une demoiselle dans la rue ou parce qu‘il avait sourit à une serveuse. Même en étant jalouse j‘avais du mal à comprendre ce genre de comportement. Je n‘aimais pas le voir parler à une femme que je ne connaissais pas, surtout si ils paraissaient complices. J’étais parfaitement conscience que dans ce genre de soirées, il se pressait un tas de jeune femme comme moi, qui n’attendaient et n’espéraient qu’une chose : être choisie par un des hommes importants de la soirée. J‘étais la petite amie jalouse et j‘assumais très bien ce rôle. Cela montrait que je tenais à lui. Personne ne me le prendrait, personne. Il n‘y avait que son travail qui l‘occupait un peu trop à mon goût. Il ne cessait de me répéter qu‘il fallait que je m‘y fasse, que tout le monde s‘y était fait, même ses enfants. En l‘acceptant trop vite, c‘était suspect pour moi mais à partir d‘aujourd‘hui, je ne lui en parlerais plus, comme si nous avions passé une étape. Je savais parfaitement que si je répétais les crises, même petites, dans le genre de ce soir, en raison de son travail il allait me dire de partir. On ne peut pas demander à un bourreau de travail comme lui d’arrêter. Même si il était du genre plus doux, parfois il ne faisait pas dans la tendresse, surtout lorsqu’il était en colère. Quelque part il avait raison, je ne voyais que le mauvais côté de la chose… Avoir un fiancé qui passait son temps au travail était tout de même plus simple à vivre qu‘un homme qui est toujours à la maison. Il est plus simple de lui faire plaisir, en lui préparant un bon dîner un soir, juste à l‘heure où il rentre par exemple. Et je n‘avais pas à l‘entendre me parler toute la journée, j‘étais libre de sortir quand je voulais et lorsque je ne travaillais pas, j‘occupais mes journée à ma guise.

« Tu verras, bientôt tu ne ressentiras plus de déception. Tu seras habituée à tout ça. » Je hochais la tête, pas vexée par ses mots. Je voulais lui donner raison et même lui montrer que je l‘avais écouté. « Très bien, il n'y a aucun soucis mais ça commence à dix-neuf heures, je te prierais d'être à l'heure. » Je ne pus m‘empêcher de sourire en l‘entendant. J‘étais une femme ponctuelle, je mettais un point d‘honneur à arriver toujours à l‘heure. Cependant, il mettait récemment arriver d‘arriver en retard, très en retard. Lorsque j‘étais arrivée, il m‘en avait horriblement voulu et je n‘avais apparemment toujours pas réussi à me faire pardonner. « Je serais là à dix-neuf heures moins cinq, t’inquiète pas. Et je le promets. » Je savais que c‘était gênant pour lui que j‘arrive en retard et je ne voulais pas qu‘il se retrouve dans une telle situation. J‘arriverais en avance ou à l‘heure mais pas plus tard. Pas ce soir. Il avait à peine regarder ma robe et j‘en étais presque vexée. J‘avais travaillé dessus, j‘étais fière de moi et il m‘ignorait comme si il ne s‘agissait que d‘un vulgaire bout de tissu à deux dollars. « Elle est très belle. Cela conviendra parfaitement. » Oui Alexander bien sûr, remballe ton sourire, tu m‘agaces pour le coup.

Alex fronça les sourcils et je compris aussi tôt que j‘étais dans de sales draps dont il allait être dur de me sortir. Il fallait que je trouve une solution, vite une porte de sortie. J‘avais à plusieurs reprises imaginé des options qui me permettraient de me tirer d‘affaire. Je n‘avais qu‘une seule idée ce soir, une idée qui collait, qui le surprendrait mais ça irait. Il suffisait de jouer la fille un peu perdue et inquiète. « Il y a un soucis pour ce pincement de lèvres ? Quelque chose que tu aurais à me dire peut-être. » Je le regardais avec une petite tête, comme si j‘étais inquiète, stressée, presque effrayée de lui dire ce qui se passait. « Hum… En fait, oui. Je voulais t‘en parler ce soir pendant le dîner. Mais du coup… Je pense qu‘il vaut mieux qu‘on en parle après ta soirée. C‘est important. » Intérieurement je jubilais. Il allait s‘inquiéter, penser que j‘allais lui dire que je ne pensais qu‘à son argent mais lorsqu‘il m‘entendrait il serait fou de joie. Même si cela me demanderait de nombreux sacrifices, je le ferais et j‘irais jusqu‘au bout. J‘étais déterminée.

Alexander retira mes mains et je le regardais. Qu‘est-ce qu‘il se passait ? Est-ce que finalement il s‘était mis du côté de tout ces gens qui nous jugeaient ? Si c‘était le cas, qu‘allais-je faire ? Je n‘avais nulle part où aller, je ne voulais pas passer la nuit dehors… « Pourquoi il devrait ? Je déteste qu'on soupçonne mes employés et amis. Karl n'a rien dit arrête de t'en prendre à lui à chaque fois. » Je plissais les yeux et le front en le regardant. Je me tournais vers ma robe commençant à me déshabiller. « Bien sûr que non… Il semble que tu n‘aimes pas non plus que ta fiancée fasse de l‘humour et veuille plaisanter avec les gens avec qui tu travailles qui me détestent et se méfient de moi comme presque tout le monde qui nous connaît. Pardon. »Je baissais la tête, prétendant être prise de remords. Je me changeais doucement. « Oui en effet, je vais être en retard. »
Je hochais la tête doucement et m‘approchais de lui pour l‘embrasser avec passion et tendresse en caressant sa joue. « Je fais vite, promis. Et commence pas à t‘amuser sans moi, hein ! Alex… Je t‘aime. » Je le regardais dans les yeux pleine de sincérité. Je crois que au lieu d‘être styliste j‘aurais fait une très bonne comédie. Mentir était bien plus facile que ce qu’on pouvait croire. Aujourd‘hui, même ma mère ne serait pas dire quand je mentais ou non, bien qu‘elle soit la personne la plus sincère du monde, alors Alexander…