“Choisir la vie, choisir un boulot, choisir une carrière, choisir une famille, choisir une putain de télé à la con, choisir des machines à laver, des bagnoles, des platines laser, des ouvres boites électroniques. Choisir la santé, un faible taux de cholestérol et une bonne mutuelle, choisir les prêts à taux fixes, choisir son petit pavillon, choisir ses amis. Choisir son survet’ et le sac qui va avec, choisir son canapé avec les deux fauteuils, le tout à crédit avec un choix de tissu de merde, choisir de bricoler le dimanche matin en s’interrogeant sur le sens de sa vie choisir de s’affaler sur ce putain de canapé et se lobotomiser au jeux télé en se bourrant de McDo. Choisir de pourrir à l’hospice et de finir en se pissant dessus dans la misère en réalisant qu’on fait honte aux enfants niqués de la tête qu’on a pondu pour qu’ils prennent le relais. Choisir son avenir, choisir la vie.
Pourquoi je ferais une chose pareille ? J’ai choisi de pas choisir la vie. ”

REAL ELEMENTS ARE ❖ AVATAR: victor norlander ❖ PSEUDONYME: american vintage. ❖ PRÉNOM: Fanny. ❖ AGE: Dix-huit ans. ❖ PRÉSENCE SUR LE FORUM: zéro jour sur sept, je suis déjà un membre fantôme ... plus sérieusement, je pense être présente cinq jours sur sept, même si j'aimerais être là tous les jours :) ❖ OÙ AVEZ VOUS CONNU LE FORUM: merci bazzart ! ❖ COMMENTAIRES: j'avais hâte qu'il réouvre, ce forum est une pure merveille, avec un contexte envoutant. j'ai rarement eu l'habitude de voir un tel forum ❖ EXEMPLE DE RP: un truc tout pourri. Spoiler:

Dernière édition par Alcide Cartwright le Mar 19 Juil - 5:41, édité 25 fois

Je me suis réveillé un jour. J'avais dix-huit ans. Je n'étais plus personne. Le néant. Ma tête était un trou noir et je m'y laissais tomber. La tête en avant. J'avais dormi pendant un peu moins d'un an, comme la Belle au bois dormant. Sauf que contrairement à la belle qui avait été réveillée par un prince charmant, je m'étais réveillé seul, personne ne m'avait attendu. Mes parents étaient morts depuis longtemps qu'ils ont dit et rares étaient les personnes qui m'avaient rendu visite. Je n'avais plus personne. Mais peut-être n'avais-je jamais eu quelqu'un ? Pas de peine cependant étant donné que j'avais tout oublié. Mon nom avait également été effacé de ma mémoire, mais les papiers étaient toujours là pour me le rappeler. Alcide Wolfgang. Je voulais mettre un visage sur ce nom. Je pensais que peut-être j'allais me reconnaître. Ce ne fut pas le cas. J'ai fait face à mon double, ancrant mes prunelles dans celles de mon sosie, tentant de déchiffrer l'expression de son visage. Aucun signe. Rien. Juste l'inconnu. Ce garçon était un étranger. Qui était-il ? Qu'avait-il fait ? A qui appartenait ce visage ? Quelle était cette cicatrice ? Des questions, encore des questions. Des questions auxquelles je n'allais jamais obtenir de réponse, je le savais. C'était étrange et pourtant je me sentais merveilleusement bien. Comme si je venais de naître, comme s'il me restait énormément de choses à apprendre, comme si je pouvais tout recommencer. Revivre. Comme si l'on me donnait une nouvelle chance. Je devais être reprogrammé. Je ne savais pas qui j'avais été mais je savais qui je voulais être. N'importe quelle personne aurait fouillé dans son passé, serait parti à la recherche des souvenirs. J'ai tout fait pour éviter le passé. Au feu les albums photos auxquels je n'ai pas jeté un seul coup d'oeil, au feu tous les dossiers qui encombraient le bureau de ce qu'on avait dit être mon appartement, au feu les nombreux vêtements troués. Et j'ai regardé les flammes danser, mon ancienne vie se consumer. J'ai tout jeté. Tout à l'exception de cette guitare que je me suis mis à caresser. Elle me donnait l'impression d'exister. La pièce était vide à présent. Vide comme dans ma tête. Il n'y avait plus que moi, moi et elle. Agathe ; la guitare. Donner un nom à un objet peut paraître idiot, mais est-ce idiot lorsqu'on a personne à qui parler ? Agathe est devenue la compagne de mes nuits, la compagne de ma vie. La seule qui jamais n'allait m'abandonner. C'est avec elle que je suis allé m'asseoir sur un banc. Observer les passants, leurs habitudes, leurs expressions, leur étrangeté. Regarder la vie s'écouler. J'étais invisible. Pas un regard, jamais. Pas un sourire. Pas un signe. Comme si je n'existais pas, comme si je n'existais plus, comme si je n'avais jamais existé. C'était ainsi que je me sentais bien.



Agathe moi et ma voix dans le métro. C'était ça la vie. La belle vie. Je restais l'homme invisible même avec mes doigts dansant sur les cordes d'Agathe. A ses côtés le monde disparaissait, les autres n'étaient plus. Il ne s'agissait plus que de nous deux, dans un autre monde. Mais une force inconnue m'attira hors de ce monde. Face à la réalité. Et la réalité face à moi, la réalité qui était en train de m'observer me fascinait. Il incarnait la beauté même, la beauté d'un apollon. Une beauté froide à en avoir le souffle coupé. Un cœur battant la chamade. Des yeux n'osant pas se fermer, de peur que cela ne soit qu'un rêve. Ses prunelles dans les miennes, comme s'il savait tout de moi. Comme s'il me connaissait. Moi mais aussi chaque détail qui me composait. J'avais l'impression de ne plus être invisible. Je n'étais plus moi. Et ne plus être moi était perturbant. Je ne savais plus où me mettre. Je perdais tous mes moyens. Je n'étais pas habitué à être remarqué et encore moins à ce que l'on me regarde ainsi. A ce que l'on me regarde tout court. Les regards passaient, glissaient sur moi, mais jamais ne s'arrêtaient. Les relations humaines n'étaient pas mon fort. J'avais du mal avec les vivants. Je n'avais pas l'impression de faire partie de leur monde. C'était comme si j'étais mort. Comme si je pouvais voir les vivants, mais qu'eux ne me voyaient pas. Lui me voyait. Je ne savais pas comment je devais réagir dans cette situation. Devais-je l'imiter et le fixer intensément ? Devais-je lui sourire ? Devais-je tenter une approche ? Devais-je me présenter ? Ou devais-je ne rien faire, tout simplement ? Faire comme s'il était invisible ? Devais-je fuir ? La dernière solution était celle qui me semblait la plus appropriée. Me lever. Baisser les yeux. Ne pas regarder. Surtout ne pas le regarder. M'en aller. Sans me douter une seule seconde qu'il allait me rattraper. Les réactions des humains me semblaient étranges. Imprévisibles. « Tu pourrais au moins me dire ton nom. » « Alcide. » Un mot. Un seul mot. Mais un mot que j'avais quand même eu du mal à faire sortir. Il était resté coincé au fond de ma gorge pendant quelques secondes. Quelques secondes qui semblèrent être des heures. « Me demander le mien serait également la moindre des politesses... Mais passons je suis Zadig. » Ne rien dire. Et continuer de marcher. Sans le regarder. Jamais. Un sentiment inconnu parcourait mon corps entier. Un sentiment que j'appréciais et détestais à la fois. « On ne s'est pas déjà rencontré ? » Silence. M'avait-il connu avant que je ne m'endorme pendant presque un an ? Connaissait-il mon passé ? Je ne voulais pas savoir. Je ne voulais pas qu'il parle. Je ne voulais pas qu'il dise ce qu'il savait. L'ignorance c'était tout ce que j'avais. Cela me plaisait. Je ne voulais pas de changement. J'en savais déjà trop sur mon passé. « Je ne crois pas, non. » « J'en ai pourtant l'impression. » Courir. Fuir la réalité, la vérité. Ne pas se retourner. J'étais effrayé. Effrayé par ce sentiment étranger. Effrayé par mon passé. Effrayé par cette beauté. Effrayé par ce monde qui m'était inconnu.

Marcher sur les morts. Dans un monde en noir et blanc. Marcher sur des corps et des visages que j'avais déjà vus l''espace d'un instant. Des visages que je ne connaissais pas pour autant. Marcher sur des inconnus. Des inconnus aux yeux vides. Avancer. Pour finir par s'enfoncer. S'enfoncer dans les morts. Se débattre. Essayer d'en sortir. Pour finalement se laisser sombrer. Lentement, le sourire aux lèvres. A quoi bon se débattre ? A quoi bon rester dans le monde des vivants ? Surtout lorsque l'on n'a pas l'impression d'en faire partie. Ce monde n'était pas le mien. Peut-être l'avait-il été un jour, mais à présent je n'en faisais plus partie. J'étais devenu le meilleur ami des morts. Celui qui les accompagnait. Ils étaient les seuls compagnons humains que je m'autorisais. Alors je me suis laissé entraîner par leur monde. M'enfonçant, me créant un chemin à travers leurs corps glacés et à la peau diaphane. Bienvenue dans les ténèbres. Et soudain la chaleur et la douceur s'emparèrent de ma main. Me ramenant à la case départ. Au dessus des morts et non parmi eux. Cette main était la sienne, et c'était avec fermeté qu'elle tenait toujours la mienne. Sa beauté contrastait avec tout le reste. Il était la lumière et régnait sur les ténèbres. Sa beauté ne me faisait plus peur. Mes sentiments ne m'effrayaient plus. J'étais comme surhumain. Capable de tout. Du meilleur comme du pire. Aucune hésitation. J'étais un autre homme. Peut-être l'homme que j'avais été autrefois. Désirs. Passion. Tension. Tentation. Je n'avais pas envie d'y résister. Alors j'ai cédé. Je l'ai couché sur le lit de morts pour déposer mes lèvres sur les siennes et oser tout ce que je n'avais même jamais osé penser. Perdre ma virginité. En rêve. Mais étais-je puceau ? Peut-être que non. Peut-être que oui. C'était comme une première fois. Sa peau contre la mienne. Le goût de sa transpiration. Les muscles qui se contractent. Sa langue sur ma peau. Mes dents dans la sienne. Mes mains, caressant ses courbes. Faire l'amour sur les morts. Baiser sur les morts.